Dans le cadre de mes études, j’ai eu la chance de parcourir la théologie du judaïsme, du christianisme et de l’islam. Ayant un intérêt particulier pour la notion de pudeur, j’ai découvert des récits similaires concernant des femmes particulièrement pudiques, et qui représentent des modèles à imiter. Ces récits présentent de grandes similitudes et sont assez inspirantes pour celles qui ont soif de modèles spirituels.
1- Les collants du ghetto
Dans l’ouvrage “La Tsniout – Pour qui ? Pour quoi ? ” du Rav Nissim Elharrar, on trouve ce récit (p.94), que j’ai également pu entendre raconté à l’oral par d’autres rabbins.
Une survivante de la Shoah raconte que dans le ghetto juif de Varsovie où elle vivait, les femmes, qui vivaient à cette époque de guerre une période très difficile, manquaient de tout. Néanmoins, elles ne manquaient pas de pudeur (Tsniout, en hébeu).
Elle prenaient des draps et les déchiraient afin de confectionner des bas. Avec le tissu des draps, elles rallongeait les manches de leurs robes.
“Ainsi se déplaçaient les jeunes filles juives dans les rues du ghetto”, nous dit l’auteur. “La mort était présente à chaque coin, mais leurs manches et leurs bas provenaient des draps”.
Mes filles, vous devez vous souvenir que dans le ghetto nous n’avions ni collants ni de simples bas, ni du pain, ni de l’eau, ni des médicaments, mais nous avions soif de collants. De nos jours, les femmes ne se soucient guère de ce genre de “détail”. Les collants représentent la Tsniout, la Tsniout c’est la pureté, la pureté c’est le signe de notre Peuple !
Cette histoire est particulièrement similaire à celle relaté dans un hadîth dans la tradition islamique. Il s’agît de la révélation du verset 59 de la sourate 33 du Coran.
2 – Les femmes émigrées à Médine : rabattre le voile sur la poitrine
Pour comprendre ce récit, voici quelques éléments de contexte indispensables. Le Coran, est un livre révélé au Prophète Mohammed via l’ange Garbriel. Les versets arrivent progressivement, et peuvent arriver à n’importe quel moment sur le Prophète, qui rentre dans un état très particulier physiquement. Ensuite, cette révélation est enseignée à toutes et à tous. La révélation dont il est question ici a été révélé en contexte d’émigration, c’est-à-dire lorsque les premiers musulmans ont émigré de la ville de La Mecque à Médine, car ils étaient victimes de persécutions. Les femmes musulmanes de Médine se réunissaient très régulièrement pour apprendre leur religion. Parmi la révélation coranique du chapitre 33, le verset 59 est le suivant :
« O Prophète ! Dis à tes épouses, et à tes filles, et aux femmes des croyants de ramener sur elles leurs grands voiles ; elles en seront plus vite reconnues et exemptes de peine. »
Ainsi, d’après ‘Owra ¹ , ‘Âicha, femme du Prophète Mohammed, a dit :
Que Dieu fasse miséricorde aux premières femmes émigrées, lorsque Dieu révéla “et de rabattre leur voile sur leur poitrine” [Sourate 33 : verset 59], elles prirent leurs draps [izâr, en arabe] et les déchirèrent du côté de la bordure pour s’en couvrir la tête
De manière immédiate, ces femmes se sont munis des tissus les plus proches et les plus disponibles pour se couvrir, et se sont conformées à l’injonction divine de la modestie vestimentaire (qui n’est qu’une partie de la modestie).
Ces deux récits, ont presque tout en commun : le contexte historique difficile de persécution, les draps, le sacrifice, et la piété vis-à-vis des injonctions divines. Le message ou la “morale” de ces histoires sont également les mêmes lorsqu’elles sont racontés aujourd’hui dans notre monde moderne : suivre les pas de ces femmes qui ont pris au sérieux ce que nous, nous prenons facilement pour de “simples détails”.
¹ : Relaté dans Al Boukhârî, Livre de l’interprétation du Coran, chapitre “et de rabattre leur voile sur leur poitrine”, vol.10, p.106
