« Il faut refuser aux femmes le port du pantalon. Elles perdraient tout attrait sexuel aux yeux des hommes. »
Louis Lépine.
Oui oui. Comme le concours Lépine dont il est l’instigateur et l’organisateur.
Mais également à l’origine de la brigade criminelle, alias La crim’ ou quai des orfèvres.
De la testostérone pur jus quoi.
La citation de ce célèbre monsieur résume l’histoire de l’évolution de la mode féminine.
Elle résume en quelques mots tout ce que les femmes ont dû affronter, batailler, conquérir. Pour exister.
Les mots ne sont pas trop forts. La mode est l’expression de tellement de choses.
Je ne saurai toutes les développer. J’emprunterai donc avec plaisir les mots de cette icône de la mode, Vivienne Westwood. Cette anglaise mondialement connue est l’origine de la mode dans le mouvement punk, qui s’opposait à la royauté et se révoltait contre la crise économique.
« Mes vêtements ont une histoire. Ils ont une identité. Ils ont un caractère et un but. C’est pourquoi ils deviennent des classiques. Parce qu’ils continuent à raconter une histoire. Ils le disent encore. »
Notre histoire.
L’histoire de la mode, de la façon de se vêtir des femmes à travers le temps fut systématiquement en parallèle avec les changements économiques, politiques, et artistiques. Elle fut synonyme d’engagement.
Et si les femmes ont dû se libérer, c’est bien parce qu’au delà du manque de leurs droits civiques, politiques, et même légaux (droit de conduire, voter, avoir un compte en banque, autorité parentale…), « on » leur dictait également les règles strictes sur leur style vestimentaire. Et ce depuis ….bah toujours.
Car quand j’utilise le mot « libérer », il s’agit bien de se « délivrer » de cette main mise de nos alter ego masculins. (Merci La reine des neiges qui me cède les droits SACEM.)
Remerciez moi d’avoir maintenant la chanson dans la tête pour le reste de la journée.
Dans l’antiquité, que ce soit chez les grecs ou les romains, la femme devait cacher ses attraits féminins : poitrine, hanches, en utilisant des bandes de tissus ou de cuirs serrés.
Quand le mastodeton romain efface la poitrine pour rendre la femme moins attirante, le fascia grec lui, veut rendre la femme plus attirante en lui dessinant une allure androgyne…
Le dictat de la mode s’est établit de facto par la gente masculine. Ce fut donc une longue reconquête de sa réappropriation. Ce qui est intéressant, c’est que ces batailles ont été gagnées de pair avec les bouleversements historiques.
Marie Antoinette révolutionne la mode de son époque par ses goûts éclectiques à travers ses perruques et ses robes extravagantes pour l ‘époque. Aujourd’hui elle s’illustrerait parfaitement dans un clip coréen ou comme égérie Kawaï.
Les robes mettent des siècles à se raccourcir. Dailleurs les seules femmes autorisés à avoir des robes au dessus des chevilles pendant des siècles sont les paysannes, du fait de leur travail aux champs.
19e siècle, ce sont les femmes riches (en fait surtout celles dont le mari est riche) ou importantes qui sont autorisées à porter un pantalon avec autorisation préfectorale.
La célèbre auteure George Sand, muse et bien aimée d’Alfred de Musset, pousse même le vice jusqu’à prendre ce patronyme masculin et se balader avec une pipe. Le but est d’imposer par la mode les prémices de l’idéologie féministe.
Début du 20éme, c’est un homme, le grand Poiret, qui ouvre une nouvelle porte de l’émancipation de la mode féminine en supprimant le corset. Cet accessoire censé donné à la femme le corps idéal. Gaby alias Coco Chanel le suit de près en remontant ses jupes de quelques centimètres.
Après la seconde guerre surtout, c’est une véritable révolution. On le sait, les femmes ont pris le relai au boulot pendant que messieurs étaient partis en guerre. Et ça n’est pas en talons hauts, et robe bouffante que l’on fait tourner une usine. Sauf qu’après le live de Monsieur le Général De Gaulle annonçant la libération de la France, mesdames prennent aussi la liberté de garder ces nouveaux styles vestimentaires dont elles ont pris l’habitude et se sont appropriées.
Le pantalon rentre dans les mœurs. À tâtons, mais quand même. Il faut encore avoir des « c***** » pour se balader avec son pantalon carottes dans les rues, et supporter les remarques déplacées, insultantes, et moqueuses des hommes…. ou des femmes « comme il faut ».
That’s the point !
Alors qu’auparavant il y avait clairement, les femmes convenables d’un coté (j’entends par là, celles qui respectent les normes sociales définissant précisément les lignes du vêtement féminin), de l’autre, il y a les ….femmes de mauvaise vie. Ou plus clairement les prostituées.
Avec ce début de diversification du style vestimentaire, une 3e catégorie nait : les nanas culottés, exubérantes, REBELLES. Cette femme n’est sûrement pas paulette, 19 ans, issue de la classe ouvrière qui sait que son seul espoir de réussir sa vie-soit être intégrée dans la société- est de trouver un bon mari. Et un éventuel mari ne veut surtout pas d’une dévergondée.
Non, non. Ces nouveaux styles sont arborées par les nouvelles nées de la société française : les actrices.
Elles ont le droit de transcender, de transgresser…de faire rêver.
Marlene Dietrich, Greta Garbo gênent et choquent en portant pantalons, que dis-je ? Costumes 3 pièces, et Ô SCANDALE avec un chapeau haut de forme : accessoire exclusivement réservé à l’autre sexe.
Le sexe ou plutôt l’attirance sexuelle car c’est ce qu’elles symbolisent. Encore une antithèse ou s’affubler comme un homme exacerbe la féminité niveau 100 sur l ‘échelle du Sex appeal.
Objet de désir des hommes. Objet de convoitise des femmes. Aspiration à libérer leurs paroles, leurs besoins, leurs envies. Leurs coups de gueules.
L’oligarchie décide et donc s’autorise tout. Car si Poiret, Chanel « libèrent le corps de la femme ». Ils ne libèrent, en dehors des actrices, que celui de la femme bourgeoise, principalement parisienne. Paulette peut se brosser pour pouvoir un jour arborer devant ses copines à l’usine une « petite robe noire ».
Il faut l’argent et l’occasion de porter ces sublimes pièces.
La liberté vestimentaire est encore un luxe. Paulette n’a les moyens de se payer que le kiff de tourner les pages du Vogue du mois en s’imaginant dans les tenues de ses actrices préférées.
Et même si les galeries Lafayette ont un succès grandissant, le prêt à porter qui fait son apparition reste à peine accessible à la classe moyenne supérieure.
Les années 60 vont mettre la Halla !
C’est clairement du grand n’importe quoi. Cela correspond dans l’évolution d’une femme à sa crise d’adolescence. Mais pas la petite crise, où on claque la porte parce que les parents ont refusé de te laisser à la boum de Nathalie.
Non ! C’est la grosse crise d’adolescence, la vraie de vraie avec l’acné, les crises de nerf, de larmes, la drogue, les mecs, les coupes improbables avec les cheveux verts-bleus-orange, les piercings, etc.
Ça pète. La jeunesse française pète les plombs. La crise économique met les jeunes étudiants, les ouvriers dans la rue. Alors au milieux des différentes revendications : plus de travail, plus de vacances, moins de pauvreté, bah nous (femmes) on en profite pour gratter la pilule, le droit à l’avortement. Et évidemment, le droit de se mettre ce que l’on veut sur le dos.
On ne va pas se mentir. Les années 60 ne sont pas ldans le Top 10 des meilleurs moments de l’histoire de la mode. Mais on l’a dit, c’est la crise d’ado. Je pense qu’aucune de nous n’est fière de sa dégaine à l’âge de 15 ans. C’est en général la période où il y a le plus de « photos dossiers ».
Cause ou effet. C’est la grande période de vide d’inspiration d’Yves Saint Laurent. Où il a posé nu. Puis a pondu la robe Mondrian. Comprendra qui voudra.
Heureusement, comme n’importe quelle crise, elle est passée. Et la chose la plus importante qu’elle ait laissée, c’est la liberté.
La diversité.
La femme a enfin un éventail de choix pour se créer un style. Et même si la mode impose toujours ses codes, le choix s’est démultiplié. Dailleurs les maisons de haute couture aussi. Avec elles la quantité de créateurs. Tout ceci arrosé d’une rasade de mondialisation, donne une ivresse stylistique.
Pourquoi la diversité est la liberté ?
Si je ne l’ai pas assez bien développé : l’idée est que chaque femme est unique.
Chaque femme doit découvrir ce qui se cache en elle. Et l’exprimer.
Une société qui impose une idée, impose généralement aussi une façon de se vêtir.
La mode est le moyen pour chacune d’exprimer sa personnalité, ses convictions, ses aspirations.
Ces codes sont subjectivement inscrits en nous. Nous analysons une personne au premier abord par rapport à son physique et presque tout aussitôt, par rapport à son style vestimentaire.
Je ne crois pas à l’adage « l’habit ne fait le moine. » Ou plutôt si. Car ce proverbe justement s’applique pour des personnes qui s’habillent avec des choses qui ne leur ressemblent pas profondément dans un environnement uniformisé.
Choisir pour qui on va s’habiller le matin n’est pas anodin.
Choisir pour quoi on va s’habiller le matin est déterminant.
Choisir dans quel but on s’habille le matin est essentiel.
C’est pour soi. Pour déposer son message dans la société.
Les Femens on décidé de se dévêtir pour montrer leur prise de position politique extrême sur la liberté de la femme.
D’autres, dans le même but ont choisit de se vêtir « modestement », en cachant leurs cheveux avec un foulard ou une perruque, et couvrir toute partie de leur corps qu’elles définissent comme faisant partie de leur pudeur.
Les Mormons ont pris le parti de rester figés dans une époque qui représentent pour eux une référence religieuse forte. Et au delà, montrer à cette société, leur opposition à ses normes, ses principes politiques et économiques.
Quand Jean-Paul Gaultier fait défiler des femmes aux physique jusque là non représentées dans la haute couture, des femmes trisomiques, grosses, très noires, au physique atypique etc, il dénonce un dictat. Et surtout le désir de le rompre.
Sean Paul alias Puff Daddy alias P Diddy a créé sa marque FUBU- For Us By Us- une marque voulant revendiquer et définir une mode de la communauté noire.
C’est également le travail du jeune et non moins talentueux Pyer Moss (dont le Vogue de Mars 2020 lui consacre un article) qui s’engage dans une mode culturelle et éthique.
Les collections Vegan, éthiques, ethniques font fureur.
Paulette a envie d’assumer son corps à la plage cet été 1947 et mettre ce nouveau truc à la mode, inventé par Louis Réard : le bikini.
(nom tiré de l’atoll où la France pratiquait des essais de bombes atomiques… !)
Paulette s’offre au début des années 80 le nouveau jean pour femmes de Gloria Vanderbilt.
Années 90, Paulette peut décider de s’acheter dans un centre commercial la dernière robe Zara.
Paulette décidera de ne porter que des tuniques Gulshaan fabriquées dans un atelier solidaire pour femmes, au Pakistan.
Paulette peut se faire un kiff et choquer son mari avec une jupe en wax, surmonté d’un kimono et un sac berbère.
La mode est devenue plus que jamais un vecteur d’engagement.
Sa diversité, mais également son accessibilité sont un trésor incommensurable.
Elle est aujourd’hui à la portée de presque toutes.
Merci la Mode.
« On laisse pas Paulette dans un coin. »
La mode de la modestie est née au début des années 2000 aux États-Unis d’Amérique, lorsque de nombreuses femmes avaient tendance à l’adopter quelle que soit leur orientation religieuse ou de croyance. Et il s’est développé ces dernières années jusqu’à ce que les grandes marques internationales proposent diverses formes de vêtements modestes.