Si pendant longtemps la mode s’était fermée à la pudeur et à la modestie, aujourd’hui elle se veut inclusive. Les maisons se réinventent pour rester dans l’ère du temps et tentent de s’adapter à toutes ces femmes qui ne souhaitent plus avoir à choisir entre leur amour de la mode et leurs convictions.
Une représentation qui passe d’abord par les mannequins…
Si le monde de la mode a, pendant longtemps, fermé ses portes à une quelconque diversité, depuis quelques années maintenant les choses tendent à changer et ce grâce à l’arrivée de mannequins tels que Halima Aden qui fut la première femme voilée à défiler pour de grandes maisons et par la suite à Ugbad Abdi qui a permis l’expansion de ce changement.
C’est en 2016, lors du concours de beauté Miss Minnesota que l’on entend son nom pour la première fois, Halima Aden fait sensation, elle choque et pour cause, lors du traditionnel passage en maillot de bain, la jeune femme apparaît voilée et en burkini. Mais si elle finit par être éliminée en demi-finale, la bombe est lancée et aux Etat-Unis comme dans le monde tout le monde n’a qu’un seul nom à la bouche : Halima Aden.
Il faudra attendre cependant quelques mois pour enfin la voir défiler pour une marque, et c’est le rappeur américain Kanye West qui lui donne sa chance en la laissant monter sur le podium pour sa marque Yeezy.
Récemment vue lors des campagnes de Zara et Mango, la mannequin Ugbad Abdi a réussi une croissance monstre. Elle apparaît pour la première fois lors du défilé haute couture printemps 2019 du créateur Pierpaolo Piccioli pour la maison Valentino, c’est le départ d’une ascension fulgurante.
À tout juste la vingtaine, Ugbad Abdi est devenue l’une des mannequins les plus tendances du moment, ouvrant ainsi les défilés de Michael Kors et de Marc Jacobs lors des Fashion Weeks. Celle qui a défilé pour Chanel, Miu Miu ou encore Max Mara est devenue lors du dernier défilé de Karl Lagerfeld, la première mannequin voilée à défiler pour la maison italienne Fendi.
…mais aussi par la presse !
Alors que de plus en plus de femmes tendent à aborder un style vestimentaire plus pudique, et ce quelqu’en soit les raisons, leur représentation dans les médias reste, elle, inexistante. Une invisibilité qui n’est pas sans conséquence.
Des sociologues, tels que Eric Macé, ayant travaillé sur la question de la représentation ont démontré qu’il existe un lien coercitif entre représentation médiatique et imaginaire collectif. La sous-représentation de la “modest fashion” dans les médias, contribue à la pensée que la pudeur est incompatible avec la mode et que les femmes qui se tournent vers ce style vestimentaire n’ont pas leur place dans l’industrie.
« Avant Halima, je me disais juste que le hijab n’avait pas sa place dans le monde de la mode. Maintenant, j’ai compris qu’on peut être qui on veut en étant une femme” expliquait en 2019 Ugbad Abdi dans les colonnes du magazine i-D.
Ainsi l’apparition progressive de ces mannequins prônant une nouvelle vision de la mode dans de grands magazines tel que Grazia, Vogue, ou encore i-D, influence grandement la vision du monde sur ce courant et de ces femmes sur elles-mêmes.
Vous parlerez désormais de mode inclusive.
Mais plus généralement les marques ont finalement pris conscience de ce marché en pleine expansion et tendent à se tourner vers une mode de plus en plus ouverte, une mode qui se veut plus inclusive. On joue beaucoup plus sur les volumes, l’oversize est toujours aussi présent sur les défilés, les jupes sont plus longues et les pantalons plus larges.
Certaines sont pourtant à l’opposé de ce que représente la modestie et la pudeur dans l’imaginaire collectif, qu’elles soient considérées comme “bling-bling” tel que Versace ou encore trop “sportwear” comme Lacoste, chacune d’elles détournent cet aspect plus pudique de la mode tout en gardant l’essence même de la maison.
Certaine marques proposent des silhouettes beaucoups plus travaillées, permettant de créer des tenues pointues tout en restant campé sur ses convictions, rappelant ainsi que la modestie et la pudeur n’excluent en rien une allure sophistiquée et contemporaine.
Mais finalement, voir toutes ces femmes, qui nous ressemblent, qui ont le même style vestimentaire que nous, et les même envies, sur des podiums tel que Burberry, Michael Kors ou Yeezy nous pousse à réfléchir voire même, à sauter le pas et à acquérir une pièce de ces créateurs.
Alors d’après vous, ce choix, véritable engagement pour la diversité ou simple coup marketing ?
By TheFakeWu.